ALIMENTATION
Grâce à son bec robuste, le bouvreuil est capable de broyer des graines de forte taille et plutôt dures. La réussite de l’élevage de ce magnifique passereau passe par une nourriture équilibrée et riche en période hivernale comme en période de reproduction.
La composition du mélange de graines distribué est la suivante: alpiste, navette douce, lin, chènevis, mélange de graines d’arbres, mélange de graines sauvages, niger, petit tournesol strié, tournesol décortiqué, baies séchées, millet rond, millet roux, cardy, sarrazin.
La dose journalière par oiseau est d’environ une cuillère à soupe et demie.
En période hivernale, de façon hebdomadaire, je distribue quelques vers de farine ou pinckies décongelés (2 à 3 par oiseau), quelques baies de pyracantha, baies de sorbes, du millet en grappe, quelques morceaux de pommes avec pépins. Pour éviter les entérites provoquées par une trop forte consommation de baies dont les bouvreuils raffolent, je donne, pour un couple, une branchette portant une trentaine de baies.
On peut donner les baies de pyracantha ou de sorbes fraiches, déshydratées, ou congelées. Les baies déshydratées sont humectées environ un quart d’heure avant de les distribuer. Les baies congelées sont décongelées une heure avant distribution.
Tout au long de l’année, en fonction des possibilités offertes par la nature, différentes graminées sauvages sont distribuées. En voici la liste (pour plus de précisions, consulter un guide des plantes et graminées sauvages, et reporter vous à ma page Web sur les plantes et baies):
Le pissenlit: on peut le donner entier aux oiseaux ou couper les racines à la base pour laisser échapper le lait contenu dans la plante. Le bouvreuil adore manger les cœurs de pissenlit, notamment lorsque ceux-ci contiennent des boutons de fleurs non éclos. Se donne également lorsque les capitules sont mures et que le duvet blanc est sur le point de s’envoler.
Le mouron blanc: toute l’année jusqu’aux périodes trop sèches, on peut trouver cette graminée. Je la distribue mi-mure ou mure suivant l’époque. Attention toutefois au mouron rouge possédant des propriétés toxiques qui croît à partir du mois de juin à côté de certains pieds de mouron blanc. (Voir photo sur la page Web de ce site consacrée aux plantes ) Après maintenant près de 19 ans d’élevage, je n’ai jamais encore constaté d’intoxication due au mouron rouge. Je pense qu’un oiseau possédant toutes sortes de graminées fraîches doit faire sa propre sélection lors de son alimentation. Le danger intevient lorsqu’un oiseau, privé de graminées depuis un certain temps, se voit distribuer cette plante toxique. Je ne vous cache pas que je reste cependant extrêmement prudent lorsque je récolte du mouron blanc. Les symptômes d’intoxication observés chez un éleveur de canaris ayant donné, par accident, du mouron rouge sont comparables à ceux provoqués par des crises de tétanie. L’oiseau tourne dans tous les sens, est déséquilibré, puis meurt.
· Le séneçon: cette plante que l’on peut récolter dans les champs cultivés n’est appréciée que lorsque les graines sont mures.
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· La bourse à pasteur: appréciée également modérément mi-mure ou mure.
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· Le laiteron maraîcher: très apprécié en période d’élevage, nourriture reine puisque couvrant la période de reproduction, mai, juin. Je coupe la tête du laiteron maraîcher que je dispose dans les volières. Le laiteron possède la propriété de se reconstituer rapidement, ce qui permet d’avoir d’autres graminées avec le même pied (ne pas couper la tige, mais seulement les têtes portant les capitules).
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· Le pas d’âne: c’est la première graminée que je distribue à mes oiseaux. Il se rapproche du pissenlit au niveau des capitules. Les capitules sont mures lorsque les tiges recouvertes d’écailles sont inclinées vers .le bas. Donner la graminée mure.
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L’ortie: l’ortie est très bien consommée lorsque les graines sont mures.
La renouée persicaire: la renouée persicaire est également très appréciée (comme toutes les sortes de renouées). A donner mi-mure ou mure.
La chicorée: hôte de nos jardins, la chicorée est distribuée lorsque les graines sont mures.
L’oseille: à donner mure.
La reine des prés: à donner mure.
Le chnéropode: apprécié lorsque les graines sont mures.
L’onagre bisanuelle: idem.
Le plantain lancéolé et le majeur: appréciés mi-murs et murs.
En complément, pour amener en condition les reproducteurs, on dispose dans les volières des bougeons d’arbres fruitiers (pommier, pêcher, poirier, etc…). On donne également des graines germées de chènevis, navette, tournesol, niger,
En période d’élevage, il est primordial de donner une nourriture animale aux parents, la survie de la couvée en dépend.
Il est inutile de chercher à élever des bouvreuils en mutation de couleur sans alimentation animale durant au moins la première semaine. Ensuite, on peut réduire la distribution. Les jeunes privés de cet aliment, lorsqu’ils ne meurent pas au nid, présentent des troubles de la croissance graves et irréversibles, ne permettant pas un passage de la première mue dans de bonnes conditions. Suivant les sujets, on distribue des vers de farine (sélectionner les larves blanches en cours de transformation), des teignes de ruches, des chenilles, des œufs de fourmi, des petites limaces, des petits escargots, des pucerons, des papillons de nuit, des araignées. Un couple de bouvreuils avec un nid de cinq jeunes consomme environ 200 chenilles par jour, pendant la première semaine.
L’un des problème d’élevage constaté chez le bouvreuil est le manque de calcium. Aussi, il est conseillé de donner un apport supplémentaire en calcium sous différentes formes: poudre de calcium commercialisée ou coquilles d’escargots (ou escargots vivants, très appréciés), le grit, le sable, les os de sèche ne feront jamais défaut.
LOGEMENT ET ELEVAGE
Le bouvreuil est un oiseau très familier mais, cependant, nerveux et timide en période de reproduction (cette timidité s’estompe lorsque les jeunes sont nés).
Il est recommandé d’isoler le couple ‘de reproducteurs dans une volière bien abritée au calme et pas trop ensoleillée.
La volière commune est donc à proscrire. On obtient de bons résultats dans des volières aux dimensions suivantes: 0,80 à 1 mètre de large, 1,60 à 2 mètres de profondeur, 2 à 2,50 mètres de haut.
La partie avant est grillagée, les oiseaux sont ainsi plus au calme pour se reproduire.
On doit garnir les volières de branches de pin, thuya, bruyère ou genêt. Le sol cimenté est recouvert de sable.
On peut également entreprendre l’élevage en volière plantée. Attention cependant aux problèmes posés par le sol terreux propice au développement de divers parasites et notamment des coccidies auquel le bouvreuil est extrêmement sensible.
Le bouvreuil utilise pour nicher des nids en acier ou en osier mais adore les vieux nids de merle ou de grive. Ces supports servent à la confection d’une structure simple, sans grande beauté (en comparaison avec les nids de chardonnerets ou de cinis) garnis de crin animal. Plusieurs nids de base doivent être suspendus dans la volière (hauteur: 1 à 2 mètres).
On distribue des matériaux suivants: fines radicelles (gazon, dunes,) fibres de coco, crin de cheval, de vache, poil de lapin.
En captivité, c’est aux alentours de la fin mars, début avril que nous pouvons observer les premiers signes de nidification.
Début mars, on peut observer la parade nuptiale du bouvreuil. La femelle domine le mâle et le chasse dans toute la volière (attention aux femelles particulièrement agressives). On trouve alors, journellement, quelques plumes (duvets) sur le sable. Le mâle semble se soumettre et s’écarte, comme apeuré.
La femelle est alors très impressionnante et ouvre le bec en poussant des cris rauques. Elle entonne des chants comparables à ceux du mâle mais moins puissants.
Au fil des jours, le comportement des deux oiseaux se modifie. Le mâle chante de plus en plus et il entame des parades propres à l’espèce.
Une brindille dans le bec, ce dernier sautille vers la femelle en gonflant son plumage. La femelle, moins agressive, ne repousse le mâle que timidement. Elle pousse des petits cris et entame également des petits sauts, allant et revenant vers le mâle.
Les deux oiseaux donnent l’impression de danser (la parade a lieu par terre mais aussi sur les perchoirs de la volière ou encore sur les grosses branches suspendues).
On observe, à cette période, que la queue du mâle, comme celle de la femelle, s’écarte de côté, formant un angle. Plusieurs accouplements ont lieu, présages d’un élevage en bonne voie.
La ponte est de 4 à 6 œufs de couleur bleuâtre. La couvaison dure 13 à 14 jours, seule, la femelle couve. Le mâle se charge de l’alimenter au nid et monte la garde aux alentours du nid en chantant.
Les jeunes au nid sont d’adorables petites boules noires, lorsque ceux-ci sont normaux et beaucoup plus claires pour les jeunes mutations pastel.
Lorsque les premières déjections apparaissent sur le bord du nid, il est temps de baguer les jeunes (7 ou 8ème jour). Attention ! Le nid étant maintenu dans une extrême propreté, il est préférable d’attendre cette période au risque de les trouver débagués sur le sol de la volière.
Les bagues utilisées sont de 2,9 ou 3,02 mm suivant la sous-espèce (pivoine ou ponceau).
Vers la troisième semaine, les jeunes quittent le nid et sont alimentés par le mâle. La femelle recommence une nouvelle ronde. On observe, en volière, en moyenne deux couvées par saison, avec, toutefois, des exceptions allant jusqu’à trois couvées. A la sortie du nid, les jeunes pastel se distinguent très facilement : tête et menton: les jeunes bouvreuils ne présentent jamais le capuchon et la bavette des adultes mais on observe une très nette dilution par rapport aux jeunes de couleur sauvage.
Le dos et les rémiges des ailes sont claires mais à dominante plus grise.
Les rectrices et sous-caudales: dominante grise donnant à l’oiseau une formidable uniformité. croupion et une partie du ventre: blanc.
Poitrine, ventre et joues: gris très clair.
Pattes et bec: incolore.
Les jeunes pastel aux teintes gris pastel contrastent magnifiquement avec les teintes brun rouge de l’espèce de couleur normale.
L’élevage des bouvreuil en mutation de couleur nécessite beaucoup de passion, de temps, de soins, de patience et de chance.
Jean-Michel EYTORFF