ETUDE SUR L’ELEVAGE DU TARIN DES AULNES
EN MUTATION DE COULEUR
PHOTOS JM EYTORFF. R DRIESMANS
L’élevage de ce passereau offre un très grand intérêt pour l’amateur de la Faune Européenne en Mutation de Couleur, de part la multitude de combinaisons génétiques réalisables. Un paragraphe vous permettra d’apprécier quelques uns des divers accouplements déjà réalisés dans ce domaine et pourra aider l’éleveur débutant à préparer ses appariements sans trop d’incertitude quant aux résultats attendus.
Le tarin des aulnes séjourne toute l’année en Europe Centrale et en Europe de l’Est (Sibérie) ainsi que dans la partie sud de la Suède et de la Norvège, en Ecosse et en Irlande. On le trouve également en France, principalement dans les Alpes et les Pyrénées. Il occupe également le Nord de l’Italie ainsi que la Grèce et la Turquie. En été, on le rencontre au Nord-est de l’Europe et en hiver dans la totalité des pays Européens jusqu’en Corée, au Japon, aux îles Philippines, en Egypte, au Moyen-Orient et au Nord de l’Iran.
Avant de commencer l’étude des mutations de couleurs chez le tarin voyons ces caractéristiques initiales.ALIMENTATION ET SOINS
Le régime alimentaire du tarin des aulnes se compose de graminées et d’insectes (principalement en période de reproduction).
Le mélange de base est composé d’alpiste, de navette douce, de millet blanc, de millet roux, de niger, de graines sauvages, de lin, de graines de gazon, d’anis, de périlla blanc, de périlla brun, de plantain, de chicorée, de salade blanche, de salade noire. Le millet en grappes ainsi que les graines d’aulne et de bouleau sont distribuées de façon hebdomadaire.
En complément, au gré des mois, je récolte et distribue les graminées suivantes :
le mouron blanc : mi-mûre, mûre
le tussilage : mûre
le seneçon vulgaire : mûre
le pissenlit : mûre, mi-mûre
la bourse à pasteur : mi-mûre, mûre
l’oseille sauvage : mûre
le plantin lacéole : mûre
le plantain majeur : mûre
la reine des prés : mûre
la porcelle enracinée : mûre
la scorsonère : mûre
l’onnagre bisannuel : mûre
la trainasse : mûre
la chicorée sauvage : mûre
la petite bardane : mûre
la tanasie vulgaire : mûre
le laiteron maraîcher : mi-mûre, mûre
les baies de pyracanthas.
L’os de sèche et le grit ne font jamais défaut. L’eau est renouvelée tous les jours car les tarins adorent se baigner.LOGEMENT ET ELEVAGE
Le tarin des aulnes est un oiseau convivial pouvant se reproduire dans différents types d’installations. Si l’on dispose de peu de place, l’utilisation de petites volières d’un mètre cube est le minimum conseillé pour un couple de reproducteurs. Dans cette hypothèse, il est recommandé de surveiller l’attitude du mâle en période de reproduction, celui-ci devenant particulièrement nerveux et risquant de déranger la femelle au moment de la couvaison.
Les petites volières sont du type coffre, avec uniquement la partie faciale grillagée. Des nids métalliques ou en osier sont suspendus dans les coins de la volières et sur le grillage, dissimulés dans des fagots de genêt ou de thuya. Ayant utilisé dans le passé ce type d’installation, ma préférence va à des volières d’un volume plus important, à savoir, pour un couple de géniteurs : 2,50 mètres de hauteur, 1,20 à 2 mètres de profondeur et 0,80 à 1 mètre de largeur.
Le vol étant primordial pour la mise en condition des oiseaux, un espace vital de ce type permet, notamment au mâle tarin, d’effectuer sans contrainte ses multiples chasses précédant l’acte d’accouplement. Les nids artificiels du type cité précédemment sont dissimulés dans des branches de thuyas ou de sapin. Si on a l’occasion, on peut suspendre un thuya entier dans la volière et il arrive fréquemment, que les nids soient construits naturellement dans des fourches ou le long du tronc d’arbre.
J’ai eu l’occasion d’élever des tarins en polygamie (un mâle pour deux à trois femelles) et je peux vous affirmer que les meilleurs résultats sont obtenus par couple, car si les femelles tarins cohabitent très bien hors période de reproduction, les choses se compliquent lorsque ces dernières élèvent leur progéniture. La notion de territoire est tout à fait identifiable et de multiples combats ont lieu entre les différentes femelles, nuisant à la régularité d’alimentation des jeunes.
On peut également élever en pratiquant l’impromptu, comme avec le canari et laisser la femelle élever seule les jeunes, mais je ne suis personnellement pas favorable à de telles pratiques car de nouveaux problèmes apparaissent lorsque la femelle veut refaire une nouvelle ronde. Le mâle remis dans ces conditions n’alimente pas toujours les jeunes sortis du nid et il faut alors effectuer des prodiges pour sauver la couvée. Par couple, ces problèmes n’apparaissent pas et plusieurs nichées se réalisent avec succès, le mâle relayant parfaitement sa femelle dans l’élevage des jeunes immatures.
Lorsque l’on dispose de très grandes volières, on peut laisser ensemble différentes espèces, tels tarins avec sizerins, à condition de respecter certaines règles : ne jamais placer plusieurs couples de tarins dans une même volière (l’occupation des mâles en période d’élevage serait alors uniquement le combat, le taux de fécondation des femelles devenant alors très bas). Ne jamais placer dans une même volière, si grande soit elle, deux oiseaux d’espèces différentes à même dominante : entre autre : tarin brun avec verdier brun ou sizerin brun, tarin vert pastel dominant avec verdier vert split isabelle, etc…).
De la mue (septembre, octobre) à décembre, les tarins cohabitent sans problème dans le même vol (pas d’agression entre les différents mâles durant la période hivernale).
A partir de janvier, les géniteurs sont logés dans des volières séparées du type précédemment indiqué. Les volières sont toujours garnies de branches de résineux (même l’hiver) afin que les oiseaux se protègent du froid durant les fortes gelées.
Je pratique un élevage « naturel », à savoir sans chauffage ni éclairage artificiel et enregistre chaque année de bons résultats dans de telles conditions. C’est au début de janvier que l’on note un changement d’activité chez les tarins. Le mâle chante de plus en plus fort, sans pour autant s’intéresser à la femelle. Les deux oiseaux sont cependant de plus en plus nerveux, notamment les jours ensoleillés.
Début mars, les poursuites incessantes des mâles sont alors observées, faisant suite à des chants de plus en plus marqués. Les premiers accouplements s’effectuent en parallèle à la construction du nid. Le nid est construit à une hauteur allant 1,40 mètres à 2,20 mètres. Les matériaux utilisés sont très diversifiés, à savoir : des fines radicelles, du gazon (paturin frais), de la fibre de coco de 10 cm, de la charpie, de la ouate naturelle, des duvets végétaux, de la mousse séchée ou fraîche, des toiles d’araignées, du poil de lapin, du crin de vache ou de cheval, etc… Une bonne partie de ces matériaux peuvent être stockés tout l’hiver en vue des premières couvées parfois très précoces. En effet, il n’est pas rare qu’à fin mars, certaines femelles tarins de plus d’un an soient en pleine couvaison alors que le thermomètre n’enregistre pas encore de fortes progressions. La femelle construit seule le nid, sauf exception.
Durant la couvaison, le mâle chante près du nid mais ne remplace jamais la femelle sur les oeufs. Le nombre moyen d’oeufs pondus est de 4, de couleur bleutée (le maximum constaté est de 6). Après 12 à 13 jours, suivant la température ambiante, on enregistre la naissance du premier oisillon. Je n’enlève jamais les oeufs au fil de la ponte, pour les remettre à couver au dernier oeuf car certaines femelles sont particulièrement sensibles et n’aiment pas être dérangées durant cette période délicate. Les jeunes tarins sont, à la naissance, couverts d’un léger duvet. Le nombre de jeunes élevés est en moyenne de 3. La couleur de leur peau et du duvet varie suivant le type de mutation observé. Les jeunes bruns dilués et les jeunes doubles dilués sont les plus clairs au nid. La différence de pigment entre les jeunes normaux et les jeunes bruns n’est pas fondamentale et l’éleveur débutant préfera attendre la pousse des plumes pour être sûr qu’il possède des tarins en mutation de couleur. Le nid est particulièrement bien entretenu par la femelle tarin ce qui pose quelques problèmes lors du baguage des jeunes, vers le 6ème ou le 7ème jour.
L’emploi de bagues d’un diamètre de 2,5 mm est indiqué. J’utilise pour camoufler les bagues du sparadrap couleur chair et, malgré cela, enregistre chaque année quelques cas de débaguage. J’ai expérimenté toutes sortes de camouflages pour tromper la femelle tarin, allant du noir de fumée en passant par le marqueur noir, et c’est, jusqu’à présent, le sparadrap qui ma donné les meilleurs résultats : prudence donc au moment du baguage des jeunes tarins.
Les jeunes sont alimentés régulièrement par les deux parents à l’aide de graminées sauvages, mais sont surtout nourris d’insectes, indispensables au bon développement de la couvée. Je distribue durant cette période, des teignes de ruches, des oeufs de fourmis décongélés, des buffalos et des pucerons verts lorsque je peux en trouver dans la nature. La pâtée aux oeufs enrichies de protéïnes est donnée deux fois par jour ainsi que la ration de graines germées.
A environ 15 jours, les jeunes quittent le nid mais ne seront indépendants qu’après quatre semaines (à partir du 22ème jour, certains jeunes commencent à manger seuls, mais par prudence je les sèvre à partir de 1 mois). Le mâle et la femelle, pendant cette période, et malgré l’enchainement de la deuxième ronde, continueront à alimenter leurs jeunes. Je sèvre, en général, les jeunes à partir du moment où la deuxième couvée va éclore afin de laisser la femelle se consacrer en priorité à ses nouvelles naissances. On enregistre, en moyenne, deux couvées par saison. Certaines femelles ne font qu’une seule couvée, même lorqu’elles commencent très tôt à reproduire.
A environ deux mois, les jeunes tarins entament leur première mue sans problème majeur à la différence des verdiers en élevage. Attention toutefois aux fortes chaleurs pouvant les incommoder. Je n’ai toutefois pas constaté d’incident grave dans le cas de températures avoisinant les 33 degrés, en humidifiant cependant les installations de façon régulière et à condition que cette température ne s’étende pas sur une période trop longue. En hiver, mes tarins ont supportés, sans aucun trouble, une température allant jusqu’à moins 17. Des problèmes surviennent lorsque le froid sec laisse la place à un froid humide.
A mon sens, l’élevage du tarin des aulnes en mutation de couleurs est plus difficile que l’élevage du sizerin en mutation car il nécessite une bonne connaissance de l’espèce et une bonne pratique de la reproduction des carduéliné. Le hasard n’a pas sa place dans ce type d’élevage.
JM EYTORFF.