Texte Copyright JM EYTORFF
Photos Copyright GUY DOUMERGUE et JM EYTORFF
Commençons par un descriptif de l’espèce, extrait d’un ouvrage de référence en matière d’identification d’oiseaux. L’ouvrage de P. Clement, A Harris et J Davis, «Les moineaux, les pinsons, les canaris, les serins, et tous les fringillidés, Estrildidés, et Passeridés du Monde, publié aux éditions Delachaux et Niestlé.
L’IDENTIFICATION
Sa longueur : 13-14 cm. Ce petit moineau est facilement reconnaissable à sa coloration très pâle, grise ou jaune roussâtre. Le mâle présente une petite bavette noire, des joues blanches, le croupion et la queue, ainsi que les ailes sont très clairs. La Femelle de la ssp. simplex est jaune roussâtre pâle, sans bavette noire ; Sa tête est de couleur plus unie que le mâle (exception : La femelle de la ssp. zarudnyi ressemble au mâle). On trouve cette espèce en bords des déserts, des oueds, des oasis. Elle est Présente s’il y a de la végétation (évite les dunes). Dans son habitat, elle ne peut être confondu avec un autre moineau. En vol, le mâle a une coloration évoquant la Pie-grieche à poitrine rose (Lanius minor), et la femelle pourrait être prise pour une petite alouette mais son comportement empêche toute méprise durable.
LES VARIATIONS GÉOGRAPHIQUES
Ssp Zarudnyi : Chez le mâle, le dessus est un peu plus gris (du front au croupion), le dessous plus blanc. Les lores, le tour des yeux sont plus noirs. La femelle zarudnyi, comme le mâle, est gris jaunâtre (le croupion et la queue sont plus pâles), le tour des yeux est noir, la bavette brun noirâtre. Le vexille interne des rémiges est brun noirâtre. Le mâle et la femelle sont un peu plus petits comparés au simplex. Le bec est plus petit, plus arrondi ou plus court.
LA VOIX
Silencieux en dehors de la saison de reproduction-« tcheu » répété, « tchip tchip tchip » aigus, pépiement de type Moineau domestique. Chant (mâle seulement), trille mélodieux rappelant celui de la Linotte mélodieuse ou celui du Verdier d’Europe
LE STATUT, L’HABITAT ET LE COMPORTEMENT
Le moineau des sables n’est pas commun. Il n’est pas toujours présent dans les milieux qui lui conviennent. C’est un oiseau sédentaire. On l’observe aux bords du désert, dans les milieux arides avec des arbres et des buissons dispersés, dans les oasis, les oueds, les palmeraies. Dans une partie du Sahara occidental, et autour des agglomérations humaines. Il vit en couple ou petits groupes. On observe des groupes après la nidification, allant de 10 à 50 sujets. Dans son milieu naturel il est plus discret et craintif que les autres moineaux. Au plus fort de la chaleur, il reste longuement à l’ombre des arbres et palmiers (se cache dans leur cime) et y dort Il se nourrit à terre, mange surtout des graines d’Aristida pungens ou A.pennata qu’il prend en volant sur place et tire à terre, des graines d’autres végétaux désertiques, des céréales tombées, des insectes (mouches. Coléoptères, petits papillons hétérocères, chenilles) et araignées. Les oisillons sont nourris d’insectes jusqu’à l’envol.
LA DISTRIBUTION
P.s.simplex présente des populations dispersées et isolées dans le Sahara, depuis le sud du Maroc, le centre sud de l’Algérie, le sud-ouest de la Tunisie, le centre de la Libye, et du sud jusqu’au nord du Tchad, le nord du Niger, le nord du Mali, l’ouest de la Mauritanie ; Cette espèce a été retrouvée récemment au Soudan où l’on pensait qu’elle avait disparue.
P.s.zarudnyi est localisé au sud du Turkménistan, dans le désert du Kara-Koum, à l’extrême ouest de l’Ouzbékistan (désert du Kyzyl-Koum)
LE COMPORTEMENT EN ELEVAGE
Le moineau des sables est un oiseau attachant et son comportement est très différent en captivité car il est particulièrement proche de son soigneur. Lorsque j’apporte des buffalos vivants à mes pensionnaires, ils sont les premiers à s’accrocher sur le grillage pour repérer leur futur festin.
Durant la période hivernale, les reproducteurs sont plutôt calmes. En grande volière, la proximité de différentes autres espèces ne pose pas de réels problèmes. Lorsque l’on pratique l’élevage en polygamie, le comportement est celui observé dans la nature. Les différents sujets formant le groupe s’acceptent très bien et il est rare d’observer des bagarres. Logés par couple, l’entente est la plupart du temps remarquable. Les nouveaux comme les anciens couples sont en harmonie et l’éleveur commence à rêver aux futurs baguages des jeunes. Tout l’hiver, on observe les mâles et les femelles particulièrement actifs dans la construction de plusieurs nids. L’un de ces nids sera choisi par la femelle pour pondre et élever ses jeunes. Les moineaux ont également pour habitude de tenir dans leur bec, une tige de d’herbe, une fibre de coco, un fil, et toujours par l’extrémité.
C’est au moment de la reproduction que les choses se compliques…En effet, les femelles et les mâles peuvent devenir très très agressifs. Certaines femelles allant jusqu’à tuer leur mâle et inversement.
En polygamie, deux femelles peuvent se battre à mort. Pour l’avoir testé, ne formez jamais un trio, une des femelles finira certainement le crane éclaté au fond de la volière. Privilégiez la combinaison de 3 femelles pour un mâle. Si le mâle est trop nerveux, une astuce consiste à lui couper quelques rémiges de l’aile avec un ciseau. Déséquilibré, il sera moins actif, mais il continuera à s’accoupler, et la femelle pourra plus facilement lui échapper. Il faut dans ce cas placer une grande branche avec des ramifications dans la volière pour que le mâle, une fois au sol, puisse grimper de branche en branche pour ce percher et s’alimenter. Autre astuce, adossez une planche contre une des parois de la volière, la femelle ira se cacher si le mâle est trop agressif.
LE LOGEMENT DES REPRODUCTEURS
Plusieurs possibilités :
En cage d’élevage assez spacieuse, en volière type boxe, en grande volière commune.
• La cage d’élevage : minimum 1.20 m de long jusqu’à 1.80 m, et 0.40 de profondeur pour 0.40 de hauteur.
• La volière par couple : 1 m X 1m X 2m
• La volière commune : en fonction du nombre d’oiseaux.
LES NICHOIRS
Les moineaux des sables commencent à construire leurs nids dès l’hiver. Disposez dans la volière plusieurs nids boites, ou des pots de fleurs retournés.
En cage, vous pouvez suspendre des nids boites à l’extérieur ou à l’intérieur. L’extérieur est cependant préférable pour les contrôles des nids. Certaines cages sont construites spécialement pour ce type de nichoirs.
Dans une volière plantée, ou agrémentée de végétations suspendues (branches, bambous…), même si vous disposez des nids boites, vous pourrez avoir la surprise de voir nicher vos oiseaux dans un nid naturel en forme de boule. Ces nids sont très beaux. Ils présentent un couloir extérieur qui conduite à une cavité à l’intérieur de la boule de matériaux tissée entre les branches ou les tronc des bambous. Ce couloir peut atteindre 30 cm. Cependant, ce type de nid pose beaucoup de problèmes à l’éleveur au moment du baguage des jeunes. Il faut en effet atteindre les poussins et les extraire du nid sans le détruire, puis ensuite les replacer dans le sens où ils se trouvaient. Pas simple comme exercice.
LES MATERIAUX DE NIDIFICATION
Je dispose dans la volière différents matériaux. Foin, racines, fibres de cocos, crin animal, poils, coton végétal, sisal….et en grandes quantités.
L’ALIMENTATION
Période hivernale
Je distribue un mélange pour diamant de Gould mélangé avec des graines pour perruche ondulée et de l’alpiste. La répartition est d’environ 1/3 , 1/3, 1/3. En fonction de la température, je distribue quelques insectes et de la pâtée insectivore mixée avec de la pâtée sèche pour indigène et de la pâtée sèche pour canaris. Sans oublier quelques « perles morbides. »
Période de reproduction et d’élevage des jeunes.
Le mélange de graines est le même, mais complété au quotidien d’une pâtée sèche pour indigènes, mélangée à des perles morbides et des pinkies décongelés. La pâtée insectivore hivernale, additionnée de compléments vitaminés Ornipharma est distribuée également à cette période de l’année quotidiennement. Des insectes vivants sont au menu tous les jours en grandes quantité : buffalos, vers de farine, araignées, papillons de nuits…. Des branches de millets rouge et roux sont suspendues dans la cage ou la volière.
Cette alimentation est donnée jusqu’au sevrage des jeunes. Les jeunes sevrés disposent ensuite du mélange de graines indiqué dans ce paragraphe, complété de la pâtée sèche mélangée enrichie avec des perles morbides et des vitamines. Les insectes ne font alors plus partie du régime alimentaire jusqu’à la mue.
LA PERIODE DE NIDIFICATION ET LE BAGUAGE
La saison de reproduction commence en avril. mai et se termine en juillet. Certains sujets commencent leur mue dès le début du mois de juillet, phénomène naturel marquant la fin de la saison d’élevage.
On observe par saison deux à trois pontes de 2 à 4 œufs brun tachetés de brun foncé. La couvaison dure environ 13 jours en fonction des conditions climatiques. La plupart du temps, la femelle couve seule, mais j’ai déjà eu l’occasion de voir le mâle remplacer la femelle lorsqu’elle quitte le nid.
Les jeunes sont bagués à 6 ou 7 jours. Il est impératif de camoufler les bagues avec du sparadrap couleur chair afin d’éviter le debaguage, voir même l’évacuation des jeunes du nid avec les bagues avec les conséquences que vous imaginez : pattes coupées, jeunes écrasés au sol….
Je préfère utiliser des bagues d’un diamètre de 2.9mm plutôt que 2.7 mm, afin de baguer un jour plus tard et éviter le rejet des bagues par les parents. Les moineaux du désert, comme beaucoup d’espèces sont particulièrement regardant à la propreté du nid pendant les 8 premiers jours. Lorsque les parents pénètrent dans le nid, le bec débordant de vers, ils ressortent toujours avec des fientes de leurs nourrissons. Ces excréments sont généralement déposés dans la mangeoire, indicateur infaillible de la santé des oisillons.
LE SEVRAGE
15 jours après la naissance des premiers jeunes, la femelle refait généralement un nid et le mâle s’occupe de sa progéniture. Les jeunes moineaux présentent un plumage très proche de leur mère. Attention, certaines femelles ou certains mâles tuent leurs jeunes quand ils deviennent indépendant, voire même à la sortie du nid. Il faut donc être observateur et réactif. On peut expliquer ce comportement par la volonté de les éloigner de leur territoire pour élever la couvée suivante, ou une trop forte excitation liée à l’absorption de beaucoup de protéines animales. Il est conseillé de sevrer les jeunes à environ 30 jours quand c’est possible.
LES POINTS D’ATTENTION
Les jeunes moineaux des sables sont particulièrement sensibles à la coccidiose. Il est conseillé de les traiter 5 jours au moment du sevrage avec un anticoccidien.
Autre pathologie constatée chez certains sujets : maladie du point noir dès la naissance des jeunes.
LA PERIODE DE MUE
Certains sujets muent à partir de juillet d’autre fin aout. La mue dure environ trois semaines. Les jeunes renouvellent la totalité de leur plumage d’immature dès la première mue.
LA PREPARATION AUX EXPOSITIONS
Contrairement aux autres moineaux qui imposent un nourrissage à la main pour les rendre moins farouches et donc exposables, les moineaux des sables se préparent admirablement bien en petites cages. Il faut compter deux à trois mois de préparation pour pouvoir viser un podium à haut niveau. Des attentions journalières en feront de redoutables compétiteurs.
Pout terminer cet article, qui j’espère vous aura intéressé, je souhaite préciser que le moineau des sables fait partie d’un programme d’élevage et de sauvegarde que je manage au sein d’ICC France, initié il y a trois ans par Pierre Chanoy, alors Directeur juridique de l’Union Ornithologique de France. Ce programme d’élevage concerne trois espèces : Le Bouvreuil Githagine (bucanetes githagineus) , le bruant striolé (enberiza striolata) , et le moineau des sables (passer simplex).
Il faut également ajouter que les moineaux des sables, bruants striolés et bouvreuils githagines élevés dans le cadre de ce programme, ont remporté de nombreux titres dans les expositions internationales et mondiales en stam et en individuel.
A titre d’exemple : Mondial de Cesena 2018, 4 médailles dont deux titres de champion, Mondial de Zwoll 5 médailles dont 3 titres de champion. Uniquement pour les moineaux des sables. Les bruants striolés et les Bouvreuils Githagines ont également obtenus des récompenses.
ICC France déjà actif pour soutenir le programme de sauvegarde du Tarin rouge du Venezuela en partenariat avec l’ONG PROVITA est ainsi également présent en matière de sauvegarde des espèces plus proche de notre territoire.