Editorial, publié dans la revue d’ICC France en hommage à Jacques FAIVRE
C’est éditorial est sans aucun doute le plus triste, le plus douloureux, que j’ai eu l’occasion d’écrire depuis que je gravite dans le monde des oiseaux. Jacques FAIVRE nous a quitté, et son décès fait émerger de ma mémoire tous les bons moments passés ensembles. Car Jacques était un monument de l’ornithologie, un juge international reconnu de tous, un humaniste, mais avant tout mon Ami.
Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de le côtoyer, ou tout simplement de le rencontrer, c’est grâce à lui qu’aujourd’hui, nous pouvons élever et exposer en concours des espèces européennes protégées. Jacques a consacré une bonne partie de sa vie à faire reconnaitre par l’administration les « Indigènes » en phénotype ancestral ou muté. Ceux ou celles qui ont vécu les championnats du monde de Reims, se souviendront qu’à cette époque, les phénotypes ancestraux présentés uniquement par les éleveurs étrangers, étaient cachés du public par un drap noir et interdits au public dès la fin des jugements. Aujourd’hui, grâce à sa patience, son abnégation, son sens de la négociation dosée avec les pouvoirs publics nous pouvons ? certes sous contrôle, exercer pleinement notre passion.
Au niveau jugements, juge expert international réputé, il était toujours disponible pour expliquer ses choix, conseiller les élèves juges, donner des conseils aux jeunes juges et aux juges confirmés, ou encore faire preuve de pédagogie avec les exposants. Il a été longtemps LA référence en matière de jugement. Notre dernier jugement ensemble était lors du Mondial de Tours en 2011. Un grand moment d’amitié partagé entre Le maître et son ancien élève. Les photos qui illustres cet édito ont été prises justement à Tours.
Mais Jacques était aussi un ornithologue, qui n’hésitait pas à être sur le terrain pour observer les espèces in situ, jusqu’à aller en Guyane pour étudier l’avifaune locale en pleine jungle.
Malgré les années, il était toujours passionné, et c’était toujours un bonheur pour moi de pouvoir parler avec lui ornithologie lors de conversation téléphoniques, finalement bien trop courtes.
Il a rejoint ses amis Louis PAQUOT et Karl FAUCONNIER au paradis des éleveurs, et regarde certainement d’un œil attristé l’évolution négative de la règlementation que nous risquons de subir dans les prochaines semaines. En mémoire de Jacques FAIVRE et dans l’intérêt de tous les éleveurs passionnés de la spécialité, j’ose espérer que les dirigeants des différentes fédérations ornithologiques nationales auront la volonté de converger, ainsi que la ténacité et l’énergie nécessaire à la défense de nos acquits et de nos droits. Nul doute que les discussions à venir avec l’administration transformeront cet espoir soit en réalité, soit en déception.
Adieu Jacques, tu vas me manquer et je sais que je ne suis pas le seul Ă regretter ta disparition.
Jean-Michel EYTORFF